Chaharshanbe Suri, La fête du feu
La nuit entre les derniers mardi et mercredi précédant le Norouz, nouvel an persan, le Chaharshanbe Suri, également appelé le « mercredi enflammé », est célébré par les Iraniens.
Il est fêté chaque année, depuis plus de 3000 ans, à peu près à partir du XVIIe siècle av. J.C. Pendant cette soirée, les gens allument des feux et après il sautent par-dessous les flammes, en prononçant la phrase « zardie man az to, sorkhie to az man ». Cette phrase signifie littéralement « je te donne ma couleur jaune, tu me donnes ta couleur rouge », qui vaut dire « je te donne ma pâleur, ma maladie, je prends ta force, ta santé». La signification religieuse liée au Zoroastrisme, attachée au Chaharshanbe Suri, a laissé place aujourd’hui à un festival fêté par nombreux peuples persans, au-delà des Iraniens, comme les Kurdes, les Azéris et les Tadjiks.
Cet événement est issu aussi d’une histoire écrite par Ferdowsî, un des grands poètes iraniens du Xe siècle : c’est l’histoire de Siyāvash. Il était une figure majeure dans l’œuvre épique de Ferdowsî, le Shahnameh. Siyāvash était un prince légendaire de l’ancien Empire Perse. Sa belle - mère (la femme de son père), Sudabeh, avait une passion pour lui. Sudabeh dit alors à Siyāvash qu’elle est prête à tuer son mari, pour devenir son épouse légitime.
Mais Siyāvash rejette ses propos. Une fois ces avances répétitives rejetées, Sudabeh tombe dans un état compulsif et elle porte une fausse accusation à Siyāvash, devant son mari. Alors le roi décide de tester l’innocence de Siyāvash par " la preuve du feu" : un feu est allumé et Siyāvash doit le traverser et en sortir indemne pour prouver son innocence. Le prince se Précipite à travers le feu sur son cheval. Quand Siyāvash retourne sain et sauf, son innocence est prouvée. Le roi est déterminé à condamner Sudabeh à mort, mais Siyāvash intercède pour elle et la condamnation n’est pas exécutée. Depuis ce jour-là, tous les Iraniens célèbrent l’innocence de Siyāvash en allumant des feux et en sautant dessus.
Il y a plusieurs autres traditions cette nuit-là, dont les rituels de Kouzeh Shekastan (en persan : کوزه شکستن), pendant lequel on casse des jarres en terre qui contiennent symboliquement la mauvaise fortune de quelqu'un, Fal-Goush ou l'art de la divination en écoutant les conversations des passants et le rituel de Gereh-gosha-ee, faire un nœud dans un mouchoir ou un tissu et demander au premier passant de le défaire afin d'éloigner la malchance de quelqu'un.